Apprentissages en relation duelle, une modalité fréquente de la scolarisation des élèves malades : quels enjeux ?

S’il peut arriver à tout élève au cours de sa scolarité de se trouver ponctuellement en situation duelle avec un enseignant (cours de soutien, accompagnement personnalisé, cours particuliers en dehors de l’école), cette modalité pédagogique reste occasionnelle. Dans le cas des élèves atteints de maladies chroniques, cette modalité pédagogique s’avère fréquente et elle constitue souvent la seule modalité possible de la poursuite des apprentissages. Qu’il s’agisse d’élèves dont les cours ne peuvent se faire qu’ « au chevet », c’est-à-dire dans la chambre d’hôpital ou en unité protégée, ou d’élèves contraints de recevoir des soins à domicile, la relation pédagogique duelle est alors imposée. Il ne s’agit pas là d’un privilège mais d’une solution qui, malgré son intérêt, ne peut pleinement procurer tous les bénéfices d’une scolarisation collective, en milieu ordinaire, avec des pairs.

Pour les enseignants ou les accompagnants pédagogiques, permettre les apprentissages dans ce contexte ne va pas de soi et remet en cause non seulement leurs pratiques habituelles, mais, au delà, leur posture et leur identité professionnelle.

Il s’ensuit que le cadre obligé de la relation duelle enseignant/ enseigné, en lien direct avec la maladie, engendre pour l’élève des besoins  particuliers . Il est nécessaire de les prendre en compte afin que ce cadre d’apprentissage soit réellement profitable à la poursuite de son parcours scolaire.

Les raisons qui conduisent à cette modalité pédagogique et le cadre institutionnel dans lequel elle s’exerce constituent des variables non négligeables qui génèrent des contraintes et des points d’appui spécifiques.

Eduscol – La scolarisation des enfants malades

La scolarité des élèves atteints de maladies chroniques correspond en général à un parcours jalonné  de séjours plus ou moins longs et nombreux dans des structures ou dispositifs scolaires variés : on note une multiplicité des cadres de scolarisation, qui alternent de façon plus ou moins chaotique selon les aléas de leur situation médicale. Il n’est pas rare que régulièrement l’élève ait besoin d’être scolarisé dans une Unité d’Enseignement (UE) à l’hôpital ou dans un établissement sanitaire de soins de suite. C’est également le cas de certains élèves habituellement scolarisés en UE d’établissement médico-social en raison de troubles moteurs et ayant des troubles associés (troubles orthopédiques, insuffisance respiratoire, épilepsie…).

En UE à l’hôpital sont privilégiés, autant que possible, des regroupements d’élèves afin de permettre un apprentissage avec des pairs. Toutefois il est fréquent que les professeurs aient à enseigner à un seul élève, soit de façon ponctuelle, soit de façon systématique en fonction de l’état de santé de l’élève, de son niveau scolaire, du projet pédagogique individualisé (voire du Projet Personnalisé de Scolarisation pour les élèves handicapés ).

Les cours individuels ponctuels
Compte tenu de l’extrême diversité des niveaux scolaires, des compétences des élèves accueillis en UE et de la durée de leur séjour (turn over important), il est difficile de maintenir une structure de groupe systématique dans l’enseignement à l’hôpital. Ceci est vrai pour les élèves du premier degré mais bien davantage encore pour les collégiens et lycéens, dont certains sont appelés à présenter par exemple des examens (Brevet des collèges, CFG, CAP, BEP, Baccalauréat). Ainsi s’ajoute la nécessité pour les lycéens et collégiens d’avoir recours à des enseignants détachés pour quelques heures de leur service, en UE, pour des disciplines particulières (économie, philosophie, langues vivantes, etc.). Il est également fréquent de devoir faire appel pour des cours complémentaires à des enseignants bénévoles d’associations, comme par exemple « L’école à l’hôpital ». Ainsi, dans un emploi du temps scolaire nécessairement réduit du fait des soins, il est fréquent que les élèves se trouvent en situation duelle avec leurs enseignants.

Les cours « au chevet »
Une proportion d’élèves non négligeable doit rester en chambre durant le séjour hospitalier ; c’est le cas des élèves immobilisés suite à une intervention, ou encore celui d’élèves contraints de vivre temporairement en unité protégée, en chambre stérile, dans le cas notamment de leucémie ou à la suite d’une greffe. Les enseignants nommés à l’hôpital ou les bénévoles doivent alors se rendre « au chevet »  de l’élève, c’est-à-dire dans un espace privé et dédié aux soins. Pour ces élèves, cette modalité pédagogique est souvent la seule occasion de rester en lien avec les apprentissages. Les enseignants doivent alors respecter les recommandations du service médical. Non seulement leur visite doit être autorisée par le service mais ils doivent suivre scrupuleusement les règles d’hygiène, porter masque, blouse et chaussures et ne faire entrer que du matériel scolaire préalablement stérilisé.

APADHE : Accompagnement pédagogique à domicile à l’hôpital ou à l’École

L’Accompagnement Pédagogique À Domicile à l’Hôpital ou à l’École (Apadhe) est un dispositif mis en place par la Direction Générale de l’Education et des Enseignements (DGEE). Il est mis en place lorsque l’élève, compte tenu de son état de santé, ne peut se rendre dans son établissement scolaire ou ne peut s’y rendre que partiellement. Il concerne tout élève inscrit dans une école ou un établissement d’enseignement scolaire du 1er ou du 2nd  degré.

Ce dispositif s’inscrit dans la complémentarité du service public qui garantit le droit à l’éducation de tout élève. L’Apadhe est chargé d’assurer un accompagnement pédagogique à domicile, en établissement de santé, à l’école, ou si nécessaire, dans un lieu public de proximité où l’élève est capable de bénéficier d’un apprentissage (par exemple à la médiathèque ou à la mairie).

Ce service fait appel à des enseignants volontaires. Il permet la continuité des apprentissages en évitant que les séjours prolongés au domicile pour des raisons de santé n’occasionnent une rupture scolaire et isolement social.

Le service est gratuit pour les familles et s’adresse à tous les élèves, dans le cadre de la scolarité obligatoire. Un enseignant spécialisé coordonne le dispositif

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